

Les guerres de l'Occident : l'effet boomerang
Depuis bientôt un demi-siècle, l'actualité internationale est rythmée par les guerres que l'Occident mène dans d'autres parties du monde, des guerres dont le bilan négatif n'empêche pas la poursuite : Afghanistan 1979, Irak 1991, Somalie 1993, Afghanistan 2001, Irak 2003, Libye 2011, Mali 2013, Syrie depuis lors... L'abandon de l'Afghanistan par les troupes de l'OTAN en 2021 n'est qu'un épisode de plus d'un bourbier qui remonte à 1979. C'est à cette date que les armées occidentales - pour autant que l'on considère l'URSS comme occidentale – ont commencé à envahir des pays musulmans, une pratique qu'elles n'ont cessé de poursuivre jusqu'à aujourd'hui, alors qu'elle s'est toujours retournée contre elles. L'erreur est humaine, persévérer est diabolique, comme disent les latinistes... Un retour d'expérience diplomatique et stratégique serait dès lors bien nécessaire en ce domaine.
Ainsi, en 1979, l'Armée rouge entrait en Afghanistan. Et ce fut le Vietnam des Soviétiques, qui durent quitter le pays une dizaine d'années plus tard, ce qui n'arrangea pas l'espérance de vie de l'URSS et du pacte de Varsovie. Pour leur damer le pion, les Américains n'avaient pas hésité à recruter dans la résistance afghane tous les fous de Dieu, dont le célèbre Ben Laden, qui s'est ensuite retourné contre eux, notamment par les attentats de 2001, comme chacun sait. Ce qui a conduit à une nouvelle invasion de l'Afghanistan, par l'OTAN et les USA cette fois ; Invasion qui s'est terminée piteusement en août 2021 avec le retour des éternels Talibans, preuve que les années d'occupation militaire n'ont servi à rien.
L'Afghanistan ne lui suffisant pas, le président Bush junior lança en 2003 l'armée américaine sur l'Irak, un pays dont le régime avait beaucoup de défauts, mais pas celui de soutenir le terrorisme islamiste. Les effets d'un tel aveuglement ne se sont pas fait attendre : dès la guerre finie, les islamistes se sont installés en Irak. Et le pays demeure très instable, près de vingt ans après l'invasion. Cerise sur le gâteau, l'occupation américaine a jeté les pestiférés du régime déchu de Saddam Hussein dans les bras des islamistes. Ensemble, ils ont fondé Daech, qui a porté la guerre sur la frontière irako-syrienne et le terrorisme ailleurs sur la planète. Ainsi, le conflit américano-soviétique d'Afghanistan nous a valu la création d'Al Qaïda, et l'invasion américaine de l'Irak nous a apporté Daech. Joli palmarès ! Conséquence de la chose, des attentats dans toute l'Europe, et une nouvelle guerre aux frontières de l'Irak et de la Syrie. Bien sûr, quand un Bush décide de mettre le feu au Moyen-Orient, ce ne sont pas des parents à lui qui sont tués, ensuite, sur le terrain ou dans les attentats de Londres, Madrid ou Paris.
Il serait bon, à un moment, de marquer une pause parmi ces choix intempestifs, ces drames en cascade, pour évaluer les bienfaits de la politique suivie, pour s'interroger sur l'intérêt d'aller régulièrement porter la guerre au Moyen-Orient. L'habitude de ces conflits nous les rend familiers, évidents. Pourtant, à bien y réfléchir, il s'agit chaque fois, ou presque, d'envahir des pays souverains. On comprend mieux l'incongruité de la chose en inversant les rôles. Ainsi, quand ça chauffe en Espagne entre les indépendantistes catalans et Madrid, est-ce que l'Arabie décide de bombarder Barcelone et de débarquer un corps expéditionnaire sur la Costa del Sol ?
L'emploi de la force armée a pour but de protéger le pays, non de lui nuire et d'exposer sa population au malheur. Or, les interventions militaires coûtent des sommes astronomiques à l'Occident qui, dans ce cas de figure, dépense ses milliards sans compter. Elles dressent la rue musulmane contre lui, elles lui reviennent en pleine face sous la forme d'attentats, des attentats qui nécessitent par ailleurs des investissements sécuritaires permanents. C'est une caisse de résonance mondiale en faveur du Jihad et un risque de fracturation des sociétés pluriculturelles telles que les connaît l'Occident. De plus, ces interventions déstabilisent le Moyen-Orient, ce qui est préjudiciable aux économies de tous et ce qui entraîne, au surplus, des flux migratoires que l'Europe accepte difficilement. Et qu'on ne vienne pas parler de démocratie. Où est la démocratie en Irak et en Afghanistan ? D'autant que les chefs d'Etat occidentaux qui aiment se prévaloir de démocratie lorsqu'ils font la guerre, ne sont nullement dégoûtés, en d'autres temps, de leurs fructueuses relations avec bien des dictateurs de la planète, notamment en Afrique. Et il ne leur est jamais venu à l'idée d'aller bombarder la Turquie, alliée de l'OTAN, alors même que son président n'hésite pas à employer le nettoyage ethnique contre les Kurdes de Syrie et à se féliciter de la défaite de l'Arménie face à l'Azerbaïdjan alors qu'un minimum de retenue serait bien venu quand on traine un passé national génocidaire.
Si l'on se donne la peine d'étudier l'Histoire, on constate qu'une victoire militaire peut tourner plus souvent qu'à son tour à la défaite politique. Il existe des moyens plus subtils de peser sur les relations internationales que le traditionnel « Je vais t'envoyer mon porte-avions dans la face ! » Surtout, selon un raisonnement de simple logique, tout moyen ne doit être considéré qu'au regard de la fin à laquelle on aspire.

Ukraine et Crimée : une diplomatie des princes
« Ils n'ont rien appris, ni rien oublié ». Parole célèbre de Talleyrand pour fustiger l'attitude des rois de France retrouvant leur trône après un quart de siècle de Révolution française et d'empire napoléonien : ils n'ont rien appris de ce qui s'est passé et qui a changé le monde, ils n'ont rien oublié de ce qu'ils étaient avant ce changement et ils continuent d'agir comme si de rien n'était.
Les siècles passent, mais rien ne change. La maxime de Talleyrand pourrait s'appliquer à la guerre qui pourrit dans l'est de l'Ukraine depuis des années. C'est en 2014 que ce conflit a éclaté, au moment même où l'on commémorait le centenaire de la Grande Guerre. Une Première Guerre mondiale qui avait été déclenchée en Bosnie par l'action d'une minorité slave contestant la légitimité d'un pouvoir ethniquement différent d'elle. Une guerre qui s'était étendue à l'Europe entière par le jeu des alliances fondées notamment sur des griefs frontaliers, à l'exemple de l'Alsace-Moselle.
Depuis, l'Europe est supposée avoir appris de son histoire et s'être engagée dans une construction politique - l'Union - dont la finalité première était : « Plus jamais ça ! » Or, elle reproduit en Ukraine ses fautes de naguère.
Pour le comprendre, il faut remonter dans le temps. A l'époque de l'Union soviétique, l'Ukraine est l'une des républiques de l'URSS. C'est l'un des siens, Nikita Khrouchtchev, qui accède à la tête du pays après la mort de Staline. Au milieu des années 1950, Khrouchtchev procède à un redécoupage interne, afin de donner à la république soviétique d'Ukraine un territoire supplémentaire : la Crimée. Pour cela, il a fallu la retirer à la Russie, sa population est d'ailleurs essentiellement de langue russe, et non ukrainienne. Quand l'URSS éclate, en 1991, ses différentes républiques prennent leur indépendance dans les frontières héritées du passé. C'est ainsi que Crimée et Donbass entrent dans le nouvel état ukrainien. Le Donbass est la région industrielle frontalière avec la Russie, peuplée de plusieurs millions de Russes
C'est donc en 2014 que la guerre surgit en Ukraine, du moins dans l'est du pays. C'est précisément cette région du Donbass, peuplée surtout de Russes, qui conteste la légitimité de Kiev. Dès lors, les puissances extérieures trouvent un malin plaisir à venir y ajouter leur grain de sel. Les Russes y envoient des soldats, les Américains des mercenaires, les Européens prennent des sanctions économiques contre Moscou qui se retournent contre leur propre économie, provoquant une crise agricole, notamment en France.
Et puis les Russes annexent la Crimée. L'Occident se refuse à reconnaître cette annexion, qui bafoue le droit international et la souveraineté ukrainienne. Or, une quinzaine d'années plus tôt, l'OTAN avait bombardé la Serbie, suite au conflit au Kosovo, et l'Occident avait ensuite reconnu l'indépendance du Kosovo, qui n'était jusque-là qu'une province de la Serbie. Le Kosovo était peuplé majoritairement d'Albanais - et non de Serbes -, comme la Crimée est peuplée majoritairement de Russes - et non d'Ukrainiens. Il y a évidemment, dans la posture des uns et des autres, une mauvaise foi patente. S'il est légitime de retirer de force la province du Kosovo à la Serbie, pourquoi ne l'est-il pas lorsqu'il s'agit de la province de Crimée vis-à-vis de l'Ukraine ?
Plus globalement, la question de la guerre en Ukraine est un déni de démocratie. On se réunit à quelques-uns pour décider du sort du Donbass : les chefs d'Etat russe, américain, allemand, français... Comme les princes de l'Ancien Régime. Comme ceux qui, à Munich en 1938, décidaient du sort de la Tchécoslovaquie en l'absence des Tchécoslovaques. Comme les rois revenus sur leur trône après 1789. Dans une société démocratique, c'est la population qui choisit son destin. Ici, on ne se préoccupe guère de l'opinion des millions d'habitants du Donbass. Si ces habitants se considèrent comme russes et souhaitent rejoindre le pays de Poutine, pourquoi faudrait-il les contraindre à vivre en Ukraine ? S'ils souhaitent autre chose, pourquoi ne les écoute-t-on pas ? Parce que la démocratie n'est qu'un vain mot, comme souvent. Parce que les Européens, dont c'est la responsabilité géographique (l'Ukraine est en Europe) et historique (puisqu'ils se sont construits sur le refus de la guerre pour des questions frontalières et le respect des minorités), n'ont manifestement, à l'instar de Louis XVIII en son temps, rien appris, ni rien oublié.

Extrait de l'Atlas des peuples d'Europe centrale, de Jean et André Sellier
La Libye : modèle de tout ce qu'il ne fallait pas faire
En 2011, Nicolas Sarkozy, Bernard Henry-Levy et quelques autres déclenchaient la guerre en Libye. A la suite de cette décision, et jusqu'à aujourd'hui, les calamités n'ont cessé de succéder les unes aux autres, conséquences sans fin d'un choix politique qui pourrait figurer, dans les manuels, au rang des pires modèles du genre.
On se souvient que, dans la logique des printemps arabes, la ville de Benghazi s'était soulevée contre le dictateur Kadhafi et que celui-ci avait envoyé son armée réprimer le mouvement. C'est alors que l'Occident avait jugé utile d'aller bombarder - à nouveau - un pays musulman. C'était le début d'une première guerre, autorisée par l'ONU pour défendre les civils, et menée en fait pour obtenir la chute du régime et la mort de Kadhafi. Cette première guerre a été suivie par une interminable guerre civile libyenne, où chaque faction était soutenue par tel ou tel pays étranger, d'Asie ou d'Europe.
La Libye est en face de l'Europe, sur l'autre rive de la Méditerranée, juste à côté de l'Italie. C'est un pays producteur de pétrole, qui fournissait notamment l'Europe, avant que cette dernière n'y boute la guerre. Le conflit a fragilisé l'économie de la région, jusqu'en Tunisie. Le régime de Kadhafi régulait les flux migratoires. Avec sa chute, ce fut la porte ouverte à ce drame qui se poursuit encore de nos jours : les rafiots de migrants qui tentent de franchir la Méditerranée pour atteindre l'Europe. Ce drame provoque la mort de milliers de migrants, déstabilise les pays européens soumis à cette pression migratoire, suscitant l'arrivée des populistes au pouvoir et la fragilisation de l'Union européenne. La chute de Kadhafi a aussi ouvert la porte aux islamistes. Ils ont trouvé un nouveau terrain de jeu en Libye. Sur leur lancée, avec les armes issues des arsenaux de Kadhafi, ils se sont répandus dans le Sahel, et il a fallu une nouvelle intervention militaire française pour qu'ils ne s'emparent pas du Mali. Voilà qui provoqua une nouvelle guerre, qui se poursuit toujours au Sahel, sans issue apparente. Guerre civile en Libye, crise migratoire, crise politique européenne, guerre au Mali, expansion de l'islamisme en Afrique, chaos sécuritaire et économique en Méditerranée : tels sont les multiples conséquences funestes de la décision de MM Sarkozy, Henry-Lévy et consorts. Palmarès difficile à égaler.
Pourtant, tout cela était prévisible pour qui connaît un peu la Libye. C'est un pays artificiel né de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit d'une colonie italienne gagnée sur des territoires de l'empire ottoman. La défaite de l'Italie en 1943 a conduit ensuite à l'indépendance du pays. Mais c'est un territoire sorti de nulle part. La Libye, c'est un immense désert qui sépare trois régions : la Tripolitaine, à la frontière avec la Tunisie, la Cyrénaïque, à la frontière avec l'Egypte, et le Fezzan, dans le Sahara. C'est un pays de tribus, qui n'a pas de culture nationale. A l'est, la Cyrénaïque était le berceau d'une secte musulmane, les Senoussis, qui se sont toujours montrés hostiles au pouvoir. La guerre civile qui sévit depuis 2011 ne fait que reproduire ce vieil antagonisme entre Benghazi et Tripoli.
Quant au régime de Kadhafi, il faut se souvenir qu'il a commencé par un putsch militaire qui a remplacé la royauté par une république. La vision anticolonialiste de Kadhafi lui a suscité des ennemis en Occident, d'abord à Londres, ensuite à Washington et, d'escalade en escalade, il en est arrivé à symboliser, pour cet Occident, le méchant idéal. N'oublions pas pour autant que ce dictateur était aussi un ennemi implacable des mouvements islamistes, qu'il a combattus durablement, notamment à Benghazi. Evidemment, la disparition de son régime leur a ouvert la porte toute grande. Ainsi, en abatant le pouvoir – certes peu sympathique – de Kadhafi, on était à peu près assuré du déferlement de calamités qui allait suivre.
On a oublié aujourd'hui le contexte dans lequel cette décision fut prise. C'est d'abord en Tunisie, que le printemps arabe s'était manifesté. Le gouvernement français s'était alors distingué comme rarement. La ministre Alliot-Marie avait proposé au dictateur tunisien Ben Ali le soutien de la police française pour réprimer les manifestations populaires, au moment où le premier ministre Fillon, lui, passait des vacances en Mer Rouge sur le yacht du dictateur égyptien Moubarak, tandis que le peuple du Caire manifestait place Tahrir. Puis, après la fuite de Ben Ali, c'est l'ambassadeur français qui se signalait par sa maladresse à l'égard du nouveau pouvoir tunisien. Dès lors, en attaquant Kadhafi, Sarkozy a voulu se racheter une conduite (bien qu'on lui prête aussi d'autres mobiles). Finalement, avec cette guerre, la France, et l'Occident avec elle, aura été le soutien de l'expansion de la violence islamiste, du chaos en Méditerranée et au Sahel, de la crise migratoire et de la crise politique en Europe. Excusez du peu. Ce qu'il y a de pratique avec les mandats politiques, c'est qu'on peut commettre les pires calamités, entraînant la déstabilisation de régions entières de la planète, la mort en masse, et continuer à se promener la tête haute et les mains libres, là où le délinquant de base, lui, doit rendre compte à la justice.

Les frontières coloniales entretiennent une guerre éternelle
On a l'habitude d'entendre les échos de guerres qui se produisent toujours en Afrique noire ou dans le monde arabo-musulman. La récurrence de la chose pourrait nous faire conclure que les peuples qui vivent là sont violents, intolérants ou que sais-je d'autre. C'est peut-être vrai. Mais ils portent aussi un fardeau de l'histoire, un encombrant héritage colonial.
La plupart des frontières du monde actuel ont été tracées par les colons européens. Elles datent souvent du XIXe siècle, parfois du XXe. Ce sont, à l'origine, les limites entre les zones d'influence de différentes puissances, ainsi que les limites internes aux colonies d'un même pays. C'est particulièrement flagrant pour les anciennes colonies britanniques et françaises en Afrique. Toutes ces lignes droites qui divisent le continent africain en tous sens, dans le Sahara, autour de la Zambie, du Kenya (ainsi qu'au Moyen-Orient) sont l'héritage des empires. Or, ces frontières n'ont rien à voir avec les peuples qu'elles divisent. Elles matérialisent géographiquement le rapport de forces entre les puissances coloniales. Elles matérialisent aussi les limites que la métropole a fixées à ses différentes administrations coloniales. Qu'elles séparent une même ethnie entre deux dominations, qu'elles réunissent des peuples différents, peu importait puisque ces gens n'avaient pas voie au chapitre. Cette logique a prévalu tant que dura la colonisation.
Puis est venue l'indépendance. De nouveaux Etats sont nés, à l'intérieur du carcan des frontières coloniales. De plus, ces Etats ont reçu un autre héritage de leur ancienne métropole : l'idée d'Etat-nation, elle-même issue du nationalisme inventé par la Révolution Française. Cette idée postule qu'un Etat réunit tous les citoyens qui appartiennent à une même nation, ce qui est généralement acté par l'usage d'une même langue. C'est du moins ainsi que les Européens l'entendent. Mais, dans l'ancien empire colonial, nous voilà en pleine schizophrénie car frontières coloniales et Etat-nation s'excluent mutuellement. En effet, les frontières ne tiennent pas compte de la répartition géographique des ethnies, tout en fondant de nouveaux Etats censés être unitaires. Pour autant, on a fait avec, comme on dit. La plupart de ces nouveaux pays ont dû vivre avec une ou plusieurs minorités ethniques, linguistiques, parfois religieuses, généralement exclues du pouvoir. Ou l'inverse, comme dans l'exemple bien connu des Hutus et des Tutsis, au Rwanda et au Burundi. On ne fait pas entrer un triangle dans un carré. L'Etat-nation dans des frontières coloniales, ça ne marche pas. Le résultat, on le constate depuis plus d'un demi-siècle : des révoltes, des massacres, des guerres civiles, des épurations ethniques, des réfugiés, etc.
Au XIXe siècle, les terres qui n'étaient pas des colonies européennes étaient l'exception. Et pourtant, même cette exception a subi les conséquences du découpage des frontières par les impérialismes. C'est le cas, par exemple, d'un pays longtemps oublié, l'Afghanistan. C'est l'expansion britannique dans l'empire des Indes, et celle des Russes en Asie centrale qui conduisent à la fondation d'un Etat tampon entre les deux à partir de la fin du XIXe siècle. L'Afghanistan voit ainsi le jour, dans des limites territoriales fixées par les Britanniques à l'est, par les Russes au nord. Il en résulte en pays fait de diverses ethnies, dont la zone de peuplement s'étend généralement aux pays voisins. D'où les interactions avec le Pakistan, l'Iran et le Tadjikistan, d'où une durable instabilité, conséquence du manque d'unité nationale.
On comprend comment des actes administratifs posés au XIXe siècle, par des pouvoirs étrangers, peuvent continuer à peser sur la vie de millions de personnes, cent à deux cents ans plus tard, sans qu'une quelconque évolution paraisse possible.
