
Comment mettre fin au chômage
De temps à autre, entre deux épidémies, entre deux vagues terroristes, les sondages révèlent que la préoccupation première de la population est et demeure le chômage. Car cela dure depuis les années 1980 (comme le vote populiste, qui en est une résultante). Pour autant, cette préoccupation n'est jamais rencontrée par une solution. Le chômage s'est dès lors installé durablement dans la société, comme une maladie avec laquelle on vit. Bon an, mal an, d'un pays à l'autre, le chômage frappe environ 10% de la population active. Ce chômage de masse a fait son apparition après la crise économique de 1973. Il pourra donc bientôt fêter son demi-siècle d'existence. Il n'y a pas si longtemps, le monde politique commentait régulièrement l'évolution de la courbe du chômage, se félicitant bruyamment quand les chiffres reculaient de quelques pourcents, comme s'ils y étaient pour quelque chose, et rasant les murs dans la situation inverse. Les médias faisaient semblant de croire qu'un changement de quelques pourcents était significatif, qu'il induisait une transformation durable de la situation. Il n'y a jamais eu de transformation durable. Le taux de chômage demeure sensiblement le même depuis près d'un demi-siècle.
Croissance, formation, fermeture des frontières : ça ne marche pas
Malgré tout, de décennie en décennie, les politiciens annoncent des solutions qui n'en sont pas. Il y a des modes selon les époques. Un coup, c'est la croissance qui va régler le problème du chômage. Quand la croissance reviendra, le chômage disparaîtra. On l'attend toujours. Une autre fois, c'est la formation. Il faut former les travailleurs pour qu'ils trouvent un emploi. La scolarité ne cesse de progresser et pourtant il y a toujours autant de chômeurs. Pour d'autres, c'est l'immigration qui fait obstacle à l'emploi, alors qu'il a été démontré qu'une croissance de la population induit une augmentation des besoins, et donc de l'emploi. Que de vaines paroles, que de temps perdu, que de problèmes accumulés. Des problèmes, certes, qui ne touchent pas les classes dirigeantes ; le chômage, c'est l'affaire des autres, du monde d'en bas, d'une société somme toute lointaine, invisible. Mais c'est aussi la responsabilité de la société, de l'Etat. Car le marché du travail est une organisation humaine. Ce n'est pas la nature qui décide, c'est l'homme qui organise le travail, et c'est donc lui aussi qui organise le chômage (par exemple en transformant les gains de productivité en pénurie d'emploi).
Alors, concrètement, comment en finir avec le chômage ? Il faut commencer par bien saisir la problématique. Par le passé, on entendait dire que le chômage était le fait des fainéants. Que si ces gens se donnaient la peine de chercher du travail, il n'y aurait pas de chômage. J'ignore si cette idée circule toujours, mais c'est faux, évidemment. Le chômage de masse est apparu avec la crise économique de 1973, avec les fermetures d'usines. Il n'y avait pas de chômage de masse auparavant. Ce ne sont donc pas les travailleurs qui sont subitement devenus fainéants dans les années 1970 ou 1980. Ils sont les victimes d'une évolution du système socioéconomique. Et le niveau de qualification ne change rien à l'affaire ; pour preuve, le seul secteur qui se plaint régulièrement de manquer de bras est celui du bâtiment, où l'on cherche des travailleurs peu formés, à payer le moins cher possible.
Un gâchis d'un demi-siècle
Le chômage est la résultante d'un constat : il n'y a pas de travail pour tout le monde. Et c'est un constat durable. Il y a toujours eu, depuis la Révolution industrielle, deux types de chômage : un chômage résiduel, faible, qui correspond à la période qui sépare le moment où une personne sort des études ou d'un emploi et en trouve un autre ; et un chômage conjoncturel, provoqué par les crises économiques, et qui ne dure que quelques mois ou quelques années. Le chômage de masse qui sévit depuis près d'un demi-siècle n'est ni résiduel, ni conjoncturel, il est structurel. C'est la première fois que l'on vit une telle situation depuis la Révolution industrielle du XIXe siècle. Elle est devenue une constante du système économique, et donc de la société. Elle fait partie des cancers avec lesquels les hommes ont choisi de vivre, plutôt que de les soigner.
Ce chômage est un cumul de gâchis. Humainement parlant, c'est une part de la population qui est condamnée à l'inactivité, génération après génération. Elle est aussi condamnée à des revenus faibles, à une certaine marginalité, à un avenir incertain et, les études l'ont démontré, à des risques plus élevés que la moyenne de maladie, de suicide et de divorce. Par ailleurs, les personnes contraintes au chômage avaient préalablement fait des études puisque la scolarité est obligatoire pour tous jusqu'à 18 ans. Ces études devaient normalement les préparer à exercer un emploi. Elles ne l'exercent pas. Dès lors, les chômeurs ont perdu des années à étudier pour rien. Ils ne peuvent pas mettre en pratique ce qu'ils ont appris, se réaliser dans l'existence. Dans le même temps, la société les a aussi scolarisé pour rien. En effet, si l'on exclut l'apprentissage des notions de base, à quoi cela sert-il de former à un métier des millions de personnes qui ne pourront pas l'exercer ? Le plus aberrant de tout cela réside dans l'inactivité forcée et payée. Les chômeurs appartiennent à la population active, c'est une force de travail. Or, l'Etat les paye pour ne rien faire. C'est absurde. Il en résulte la conjonction d'une force de travail qui n'est pas employée, et d'une dépense publique qui ne rapporte rien à la société. Ce système est tellement aberrant qu'on a pu démontrer qu'en supprimant le budget qui finance uniquement les administrations en charge du chômage, on économiserait une somme d'argent équivalent à un véritable salaire pour chaque chômeur...
Faire se rencontrer l'offre d'emploi et les besoins de la société
En finir avec le chômage de masse, c'est mettre fin à toutes ces absurdités, c'est apporter un plus à la société et à ses membres, et pas des moindres. L'idée consiste à mettre en adéquation l'offre d'emploi et les besoins de la société. D'un côté, il existe une force de travail, déjà rémunérée, mais inemployée. De l'autre, il existe de nombreux besoins qui ne sont pas rencontrés. Car ces besoins ne sont pris en charge ni par l'économie privée, ni par la fonction publique. Ils concernent une multitude de domaines : environnement, patrimoine, propreté, sécurité, lien social, etc. Un inventaire peut être facilement réalisé, en chaque lieu, en y impliquant la population, les associations et les services de l'Etat. Il ne s'agit pas ici de produire des biens de consommation, mais de réparer des atteintes à la qualité de vie des citoyens, de combler des manques. Y employer la force de travail stérile du chômage, c'est à la fois résoudre ces problèmes et apporter un travail à chacun.
Comment faire ? Une multitude de cellules de terrains rassemblent les chômeurs de chaque circonscription. Ils y sont employés à mi-temps à des activités visant à répondre aux besoins locaux. L'autre mi-temps leur est laissé pour d'éventuelles recherches d'emploi dans les sphères privées et publiques classiques, ou pour suivre des formations. Etant tenus à un travail, ils ne sont plus des chômeurs mais des travailleurs, et perçoivent un salaire plutôt qu'une indemnité. Ils sont encadrés par des agents de la fonction publique, qui déterminent et dirigent le travail, assument le secrétariat de l'activité. C'est une activité obligatoire pour l'ensemble de ceux qui étaient jusque-là au chômage, dans la logique classique de l'échange d'un salaire contre un travail. Pour autant, tout le monde n'y participera pas. Car il y a, dans les chiffres du chômage, une minorité de gens qui ne souhaitent pas forcément trouver un emploi, mais seulement obtenir une indemnisation. Dès lors, face à la perspective de travailler, ils quitteront les rangs des sans emploi, ce qui n'est pas plus mal. D'autres ne sont pas en état de travailler, pour des raisons médicales par exemple ; ils n'ont dès lors rien à faire non plus dans les chiffres du chômage et doivent être orientés dans une autre direction.
Plus aucun chômeur et une société qui se porte mieux
Un tel système doit être flexible, c'est-à-dire s'adapter au nombre de personnes disponibles. Ce chiffre peut diminuer en cas de forte demande d'emploi par l'économie, il peut augmenter en cas de crise. Ce système ne coûte rien à la société. Car l'Etat consacre déjà des budgets conséquents, tant à l'indemnisation des chômeurs qu'au financement des administrations et des actions en leur faveur. Il est même probable qu'une telle organisation conduise à des économies. Surtout, elle apporte deux avantages à la société. Le premier consiste à répondre à des besoins en souffrance. Qu'il s'agisse d'aller à la rencontre des personnes âgées isolées, de procéder à des petites rénovations du patrimoine public, de mettre en œuvre des actions de propreté, d'assurer une présence et une surveillance dans les lieux habités, de mener des actions d'information ou de sensibilisation de la population, et tant d'autres choses auxquelles on ne pense pas forcément mais qui pourraient émerger facilement d'un débat public. Le second avantage d'une telle initiative est de rendre un emploi aux chômeurs, un emploi utile à société, et rémunéré, en sorte que personne ne soit laissé sur le bord de la route ; et un emploi c'est aussi de l'intégration, du lien social, du sens. Et cela tout en restant flexible, en sorte que celui qui exerce cette activité peut à tout moment la quitter pour intégrer la fonction publique ou le privé. Il n'y aurait dès lors plus de chômage, et la préoccupation majeure d'une société, après un demi-siècle, pourrait enfin se porter sur une autre thématique.
On peut rapprocher cette solution de deux tentatives menées en France à des périodes différentes. En 1848, la 2e République avait proclamé le droit au travail et créé les ateliers nationaux pour occuper les chômeurs à des chantiers de travaux publics. L'expérience, menée dans un contexte différent d'aujourd'hui, resta fort sommaire et fut abrégée par les changements politiques. De nos jours, une autre tentative est en cours, celles des « Territoires zéro chômeurs de longue durée », qui partage une philosophie proche, mais avec une multitude de limites. Une véritable et durable solution à la question du chômage de masse demande une action qui s'adresse à tous et ne trouve un sens qu'en faisant coïncider force de travail et besoins avérés de la société.

Comment mettre fin au trafic de drogues
Vers l'an 2000, alors que j'étais journaliste, j'avais été convoqué à une conférence de presse par un directeur d'école d'une ville de province qui souhaitait médiatiser les problèmes de drogue dans son établissement. Il se trouve que j'y avais fait une partie de mes études, quinze ans plus tôt, et qu'il n'y avait alors aucun trafic de drogues dans cette école. Une autre ville de province, d'un pays voisin, est depuis quelques années le théâtre d'un intense trafic de drogues au sein d'une jeunesse qui s'ennuie. A mi-chemin de ces deux villes, dans le trou où j'habite (dont la population ne suffirait pas à remplir un Airbus), on vient de condamner un trafiquant de cocaïne. Depuis déjà un certain temps, dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres, on retrouve occasionnellement un cadavre lié à des affaires de drogues, tantôt brûlé dans un champ, tantôt noyé dans une rivière. Ceux qui ont regardé la série télévisée « Sur écoute », inspirée de la situation frappant la ville américaine de Baltimore, ont une idée de ce que peut devenir une cité gangrénée par la misère, la drogue et la criminalité.
L'échec des politiques publiques
Le trafic et la consommation de drogues en tous genres se portent bien. Les politiques publiques de lutte contre ces phénomènes ne fonctionnent pas. Il y a déjà un certain nombre d'années, un médecin m'avait confié que, sous le manteau, les pharmacies distribuaient des produits de substitution aux drogués pour éviter de se faire fracturer les vitrines pendant la nuit. Longtemps, les autorités publiques se sont réfugiées dans le déni, dans des logiques de répression dont elles cachaient qu'elles ne fonctionnaient pas. Aujourd'hui, les acteurs de la lutte contre les trafics avouent eux-mêmes leur impuissance face à ces phénomènes, la faillite de leur action. Il existe pourtant un moyen de résoudre si pas totalement, du moins très largement le problème.
Le trafic et la consommation de drogues sont massifs et ne cessent de croître. Dans l'histoire humaine, il y a toujours eu, à des degrés divers, usage de produits euphorisants, quels qu'ils soient. C'est la culture propre à un pays qui fait que certaines de ces drogues sont légales, comme le tabac et l'alcool, et d'autres illégales. Comment réguler l'engouement actuel et réduire les effets endurés par la société ? Si tout ce qui a été tenté jusqu'ici ne fonctionne pas, c'est qu'il faut procéder autrement. Il faut sortir des sentiers battus, avec l'efficacité comme objectif, quitte à surprendre. Un remède à l'épidémie de drogues ne consiste pas seulement, comme on l'entend proposer depuis longtemps, à légaliser le cannabis. Parce que légaliser est insuffisant, et parce que le cannabis n'est qu'une modeste partie de la problématique. La solution consiste à légaliser l'ensemble des drogues et, dans le même temps, à en placer la commercialisation sous le monopole de l'Etat. Je m'explique. Dans cette hypothèse, les drogues sont légalisées mais elle ne peuvent être achetées que dans des officines publiques, réparties sur le territoire. Pour les obtenir, le consommateur doit préalablement s'inscrire auprès de l'un de ces bureaux. Chaque bureau dispose d'un médecin, d'un psychologue et d'un assistant social. L'inscription du consommateur implique qu'il accepte d'être encadré et suivi par ces professionnels, qu'il devra rencontrer à chacun de ses achats. Le but de l'opération étant de lui offrir des alternatives afin qu'il puisse sortir de sa dépendance, pour autant que cela soit possible. Les produits lui seront vendus au prix coûtant. C'est-à-dire que le prix de vente couvrira l'ensemble des frais engagés par l'Etat, ni plus, ni moins. Pour s'approvisionner, soit l'Etat se fournira sur le marché des producteurs, qui sera légalisé, soit il produira lui-même les substances. Il garantira par ailleurs la qualité du produit, afin d'éviter intoxications, overdoses, etc.
Fin des trafics, de l'insécurité, amélioration de la santé publique
Une telle initiative induira plusieurs effets immédiats. Les produits étant légalisés, il n'y aura plus de trafic, d'autant que ces substances seront vendues à prix coûtant, c'est-à-dire moins chère qu'actuellement. S'il n'y a plus de trafic, c'est la disparition des réseaux locaux, des dealers ; c'est aussi la disparition des réseaux internationaux qui en vivent, les mafias. C'est enfin le recul de la criminalité locale, par la fin des rivalités entre les bandes de trafiquants et, les produits étant moins chers, l'inutilité pour les consommateurs de se procurer de l'argent illégalement pour financer leur addiction. Tout cela entraîne une autre conséquence fructueuse : plus besoin, désormais, de services de police dédiés à la lutte contre le monde de la drogue. L'Etat pourra donc consacrer ce personnel à d'autres missions ou faire des économies dans ce secteur. Ce serait par ailleurs tout bénéfice pour les habitants des quartiers frappés par les trafics de drogues, qui retrouveraient une certaines quiétude. Quant aux consommateurs, ils seraient durablement encadrés, ce qui permettrait certainement d'en réduire le nombre, et les décès liés aux mauvais produits n'existeraient plus. Bien sûr, il y aurait toujours des drogués ; il y en a toujours eu, il n'y a pas de raison qu'ils disparaissent tout à coup de l'histoire de l'humanité. Mais le phénomène serait contenu, et le contexte pacifié. Aller plus loin encore, c'est se demander ce que la société offre comme valeur à tout un chacun, l'avenir qu'elle trace pour les siens, le type de relations humaines qu'elle favorise, les objectifs qu'elle propose ; un questionnement qui dépasse largement la seule problématique des drogues.
La solution, telle que proposée ici, au trafic et à la consommation de drogues, offre l'avantage d'être relativement simple à mettre en œuvre et de ne rien coûter ; elle devrait même rapporter de l'argent à l'Etat en lui faisant faire des économies dans la sphère sécuritaire. Surtout, la société et ses membres s'en porteraient beaucoup mieux. Mais, va-t-on dire, est-ce bien moral que l'Etat vende de la drogue, que ces produits soient légaux, que les consommateurs déambulent librement avec leur substance en revenant de l'officine publique qui la leur a vendue ? Mais est-ce mieux qu'ils le fassent discrètement, en finançant les mafias et les dealers, en ravageant des quartiers ou des villes ? En 1988, un ministre de la santé - le cancérologue Léon Schwartzenberg - avait avait été débarqué d'un gouvernement français neuf jours après y être arrivé, uniquement pour avoir proposé d'appliquer la méthode néerlandaise (substitution par la méthadone, assistance aux grands drogués...) ! La question qui se pose ici est celle du déni, de l'hypocrisie. Car la situation qui prévaut aujourd'hui évoque le malade qui ne veut pas savoir qu'il a un cancer. On n'en parle pas, et pendant ce temps-là, le cancer progresse. Foncièrement, sortir de cette impasse, ce n'est pas une question de morale, mais d'efficacité. La lutte contre les drogues ne fonctionne pas depuis des décennies. Il serait peut-être temps, si l'on veut obtenir des résultats, de changer de méthode, et de regarder la vérité en face.

Comment mettre fin à l'insécurité routière
L'insécurité routière tue et blesse chaque jour, au-delà de provoquer beaucoup de tôle froissée. C'est un sujet de préoccupation depuis des décennies, suscitant de multiples campagnes publiques de prévention et de répression. Tout cela coûte cher pour des résultats parfois décevants. Or, il existe des méthodes fort simples, presque automatiques, de réduire sensiblement et durablement l'insécurité routière. En voici deux.
Un peu de couleur
De plus en plus, le parc automobile est composé de voitures peintes en couleur sombre. Le noir est à la mode. A chaque époque ses valeurs... Or, il ne faut pas être un grand stratège pour savoir à quoi sert le camouflage. Une voiture sombre sur une route sombre, ça ne se voit pas, ou pas bien. C'est bien pour ça que les véhicules d'urgence sont rouges, jaunes, orange... et que le fameux gilet fluorescent que chacun doit avoir dans sa voiture pour se protéger en cas d'accident, est jaune. Dès lors, si l'on veut qu'une automobile soit vue, que ce soit par le piéton, le cycliste ou le conducteur d'un autre véhicule, il faut avant tout éviter de l'enduire d'une couleur qui la fond dans le décor. Il faudrait donc proscrire toutes les couleurs sombres : noir, gris, bleu, brun... Et leur préférer les couleurs vives. Dans l'idéal, il faudrait même s'en tenir à une couleur unique. Ainsi, par le réflexe bien connu de Pavlov, l'homme identifierait automatiquement, inconsciemment, ladite couleur à la présence d'un véhicule automobile. Comme il s'agirait d'un réflexe, la réaction serait rapide, ce qui limiterait d'autant le risque d'accident.
A cette solution, on rétorquera deux choses. D'abord que les voitures peuvent se signaler de jour par l'emploi des phares. Sans doute, mais, outre que c'est moins flagrant qu'une couleur (et orienté dans une seule direction), c'est une consommation d'énergie constante, une dépense que ne demande pas la peinture. Second bémol, la liberté individuelle en matière de choix esthétique. Imposer la couleur du véhicule peut être ressentie par l'automobiliste comme une atteinte à sa liberté. Cela dit, la mort par accident de la route est aussi une atteinte à la liberté, irréversible celle-là. Par ailleurs, de nos jours, la masse des automobilistes achetant des voitures noires ou sombres, on ne voit pas très bien où se trouve le libre arbitre dans cette attitude grégaire.
Le cruise control pour tous
La seconde solution à l'insécurité routière concerne la limitation de vitesse. C'est un sujet qui mobilise beaucoup d'énergie depuis des années, avec les contrôles de police, les radars et autres mesures de répression. Avec la multiplication des tronçons de route à limitation de vitesse différente, c'est aussi devenu pénible pour l'automobiliste, qui doit faire attention à chaque panneau pour savoir à quelle vitesse il peut rouler, au risque d'en oublier des choses plus importantes.
Or, il existe un moyen très simple de conformer la vitesse des véhicules, et de libérer, par la même occasion, l'attention du conducteur pour d'autres préoccupations. L'électronique permet de bloquer le moteur à une vitesse maximale donnée, comme cela existe dans certaines voitures, à l'image du cruise control, et les systèmes de navigation indiquent au conducteur la vitesse autorisée de chaque tronçon de route. Il suffit donc de coupler les deux en sorte qu'un véhicule ne puisse jamais dépasser les vitesses imposées par les panneaux routiers. Dès lors, plus besoin de contrôles de vitesse. Et surtout, plus besoin de ces coûteux aménagements routiers qui fleurissent partout depuis des décennies, avec pour but de casser la vitesse des véhicules.
Avec l'évolution technique, un tel procédé serait inutile si l'avenir était à la voiture autonome, bardée de radars. Mais est-il économiquement envisageable de doter tout le parc automobile de tels véhicules ? Et est-ce le souhait de l'automobiliste de ne plus jamais conduire ?
